Par définition le trou noir est l'objet céleste le plus avare de notre univers. Quelle que soit la moindre particule qui entre dans sa zone d'influence, elle n'a aucun espoir de s'en échapper un jour.
Même la lumière composée pourtant de photons de masse nulle ne peut en sortir.
Mais cet objet qui se veut si discret, même au regard d'un puissant télescope, ne l'est pas tant que cela. Il se trahit par les effets gigantesques qu'il engendre dans sa proche banlieue. Son attrait est tel que nombre de particules s’agglutinent à sa périphérie. Ces particules, non absorbées par le trou noir, ne vivent pas des moments paisibles pour autant. La puissance de la gravité est telle qu'elles tournent « presque rond » autour de l'astre à des vitesses proches de celle de la lumière (environ 300 000 km/seconde). Cet amas de matières en rotation est appelé « disque d’accrétion » ; du fait de sa vitesse et du coup de sa forte chaleur il devient source de lumière incandescente et là, le trou noir est trahi.
Sagittarius A* - Crédit: EHT Collaboration
Ce jeudi 12 mai 2022, des astronomes de l'Event Horizon Telescope (EHT) Collaboration (1) ont publié les photos du nuage de gaz du trou noir central de notre galaxie. Ce trou noir, baptisé Sagittarius A*,est classé dans la catégorie des supermassifs, il est quatre millions de fois plus massif que notre Soleil. Il se situe à environ 27 000 années-lumière de la Terre, c'est à dire que si pour nous cette photo est récente, elle correspond à un phénomène datant de 27 000 ans. Plus on regarde loin dans l'espace plus on regarde loin dans le passé.
Lors de la divulgations des photos, Geoffrey Bower, de l'Institut d'astronomie et d'astrophysique, Academia Sinica, Taipei, a rendu hommage à Albert Einstein en déclarant : « Nous avons été stupéfaits de voir à quel point la taille de l'anneau correspondait aux prédictions de la théorie de la relativité générale d'Einstein ».
Cette image montre l'Atacama Large Millimeter/submillimeter Array (ALMA) regardant la Voie lactée ainsi que l'emplacement de Sagittarius A*.
Crédit: ESO/José Francisco Salgado (josefrancisco.org), EHT Collaboration
1- La collaboration EHT implique plus de 300 chercheurs d'Afrique, d'Asie, d'Europe, d'Amérique du Nord et du Sud. Cette collaboration internationale vise à obtenir les images de trous noirs les plus détaillées jamais obtenues en créant un télescope virtuel de la taille de la Terre.